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[5 Bonnes raisons] The Ancient Magus Bride / Mahoutsukai no Yome

Raion | Publié le sam 30 Juin 2018 - 23:43 | 921 Vues

1. Croquis du scénario.

Chise est une jeune fille qui n’a pas « sa place dans le monde ». En tant que « Slay Vega », elle voit, entend et peut interagir avec les esprits et autres créatures mystiques. Très jeune, après que son père ait quitté le domicile familial avec son petit frère, elle devient orpheline quand sa mère, incapable de l’élever seule, se donne la mort.
Adolescente dépressive et accablée par sa condition, Chise acceptera de se mettre en vente lors d’enchères un peu particulières, dans l’espoir de trouver un « foyer où rentrer ». C’est ce que Elias Ainsworth, un puissant sorcier communément reconnu dans le monde de la magie et de la sorcellerie sous le nom de « Thorn », lui accordera, après l’avoir acheté. En plus de devenir son apprenti, Chise apprend qu’elle deviendra également l’épouse de son propriétaire.
L’intrigue principale pourrait tourner autour du tragique destin de l’héroïne, mais elle réside en fin de compte dans un thème beaucoup plus subtil : l’acceptation de soi. Apprendre à s’aimer pour pouvoir aimer les autres en retour. Il y a, à travers ce concept, beaucoup de poésie, d’enchantement, de mélancolie, de féerie .. et tous nous entraînent sur un chemin parsemé de belles métaphores, le tout dans un cadre dépaysant : au cœur de la campagne anglaise.

 

2. Lumière sur la métamorphose du papillon.

Elias souhaite que Chise accepte le don qu’elle possède, qu’elle voit comme une malédiction. Il lui enseigne, pour commencer, les différences entre la magie et la sorcellerie, ainsi que les fondamentaux de cette dernière, tandis que Chise lui apprend comment fonctionnent les humains et leurs émotions. Ce dernier point est le centre de l’ironie de l’histoire car Chise elle-même connaît des difficultés à exprimer ce qu’elle ressent. On se retrouve alors avec deux élèves extrêmement maladroits l’un envers l’autre, deux personnages qu’on a hâte de voir évoluer.
On a d’un côté un humanoïde, avec un crâne apparent sur lequel trône une paire de corne, aux allures nobles d’un parfait gentleman .. et de l’autre, une adolescente aux cheveux flamboyants, renfermée sur elle-même et effacée. Ce premier schéma pourrait laisser penser que ce binôme a quelque chose d’ennuyeux, et c’est pourtant tout l’inverse ! Bien que le lien qui les unit prend le temps de se tisser, il n’en reste pas moins attachant à observer. A chaque péripéties sa difficulté, et à chaque difficulté .. ses obstacles relationnels, que Chise parvient à surmonter grâce à Elias, et vice versa.
Une des plus belles satisfactions de cette série est de suivre les personnages dans leurs ascensions, alors qu’ils gagnent en sensibilité et en empathie, et de les voir soulever les barrières les unes après les autres .. poussés en-dehors de leurs zones de confort, confrontés à des situations qui les décontenancent, jusqu’à s’ouvrir l’un à l’autre puis jusqu’aux autres.
Et si chaque personnage qui nous est présenté a son lot de mésaventures, c’est finalement Chise qui s’affranchit de la meilleure évolution. Au travers de multiples imprévus et autres bouleversements (allant crescendo), elle gagne progressivement en maturité. D’abord en héroïne résignée, elle aspire petit à petit à changer sa vision des choses et s’épanouit jusqu’à émouvoir. C’est une très belle transformation, habilement amenée.

 

3. De l’ambiance aux sentiments.

Des couleurs vives et omniprésentes aux créatures mystérieuses toutes aussi égayantes les unes que les autres, il y a matière à animer « la forme » de l’anime. Des situations comiques pour détendre l’atmosphère, de longues « pauses contemplations » accompagnées de plans larges pour apprécier le cadre, des métaphores à chaque épisodes .. The Ancient Magus Bride se veut poétique, et nous le sert bien.
De l’action, il y en aura. Mais jamais à forte dose. Car le but n’est pas de s’acharner sur le développement, mais de l’apprécier dans son entièreté, à son rythme. Et cela passe également par une succession de « petits instants », où il ne se passe rien de notable, mais qui permet de situer les personnages dans leur quotidien, dans le temps .. et qui nous entraînent avec eux.
« Le fantastique », c’est un des thèmes que l’on retrouve dans The Ancient Magus Bride, et c’est tout à fait ce que dégage l’OST de cet anime. La constitution des pistes fait très spirituel par moment, et colle donc parfaitement au climat général. Hors visionnage, certaines pistes continuent de diffuser l’espiègleries des scènes auxquelles elles sont rattachées, tandis que d’autres véhiculent l’oppression de séquences différentes. Des pistes poignantes et très émouvantes font également parti de ce que je qualifie de « composition réussie ». Pour permettre à l’ambiance visuelle de captiver toute l’attention du spectateur, il faut également que la musique d’ambiance soit au niveau, et en accord avec le contexte. Un OST de qualité qui n’entre pas dans le thème de l’anime qu’il accompagne ne permettra pas à la magie d’opérer. Mais ici, la compatibilité a été agréablement respectée. Les OP et ED (qui ont le don de rester dans la tête), ont d’ailleurs tout aussi bien été choisis.
Il y a un exemple très précis de ce que Mahoutsukai no Yome est capable de procurer à son public, du moment que ce dernier est réceptif.
Le concept de « la mort » est assez simple pour la plupart d’entre nous : une fois notre heure venue, nous ne sommes plus. Et c’est avec une intensité désarmante que « Mahou Yome » nous entraîne dans un moment très particulier, au cœur d’un adieux émouvant aux allures de voyage allègre, à travers des souvenirs précieux, pour finir sur une renaissance majestueuse. Ce qui rend l’ensemble « joyeusement triste ».
Les quelques minutes que durent cette scène sont assez efficaces pour mettre nos sentiments à l’épreuve, et nous révéler ce dont l’œuvre est capable.

 

4. Doucement mais sûrement.

Côté réalisation : C’est beau ! C’est soigné ! C’est agréable à regarder ! C’est fidèle à l’œuvre originale ! Tout est sublimé pour insister sur l’aspect poétique de l’œuvre. Et c’est, selon moi, l’une des principales difficultés à laquelle la production a dû faire face : animer de la poésie en écartant toute monotonie, et donner un éclat unique à tout un univers imaginé en noir en blanc sans jamais trop en faire. Tout est amené en douceur, et pourtant chaque instant décisif est marquant.
Il y a un très bon équilibre dans cette réalisation, ce qui fait d’elle une production très agréable, car elle a su mettre en avant ce que le manga a de meilleur. Cet anime est également une excellente vitrine pour son œuvre originale.
Par ailleurs, s’il y a bien un point délicat à exposer pour convaincre un public de se pencher sur ce titre, c’est bien celui concernant le rythme du développement. Comme cité précédemment, il s’agit d’une œuvre poétique, et chaque minute qui défile en est lustrée. Aussi, une seconde qui passe sera une seconde dédiée à cet aspect. De fait, les scènes « muettes » seront accompagnées de mélodies adaptées, non pas pour « combler le vide » mais pour permettre au cadre de se poser, aux révélations d’être assimilées, ou encore pour le simple plaisir de contempler un panorama. Il s’agit réellement d’une production qui prend son temps. Ce qui n’est pas l’attrait le plus recherché dans un visionnage d’anime ..
Toutefois, une fois absorbé par l’ensemble, un épisode passe étrangement vite ! J’aurais tendance à penser que le « mystique » est si bien exploité qu’il en devient envoûtant, et donc agréable à regarder, sans jamais être ennuyant.

 

5. Le mot de la fin.

Etant une lectrice de l’œuvre original complètement convaincue par la richesse de son contenu, je n’ai eu aucune appréhension après l’annonce d’une version anime. C’était en fait l’occasion rêvée de voir se teinter ces décors qui paraissaient pétillants et hauts en couleurs. Il était donc surtout question de beaucoup d’enthousiasme ! J’ai très vite été conquise par le travail du seiyuu Takeuchi Ryota, et charmée par l’éloquence (keigo) attitrée au personnage de Chise (un « quelque chose » qui s’est malheureusement perdu entre la version japonaise et la traduction française, registre de langue différents oblige).
A ce jour, j’ai visionné cet anime trois fois dans son intégralité (en plus de quelques épisodes par-ci, par-là), et je continue de penser qu’il s’agit d’une perle que j’aspire à voir appréciée d’un plus large public. Toujours très enchantée par ce que dégage cet anime, je me laisse volontiers porter par son courant « romantique », et le considère comme un réel succès d’adaptation.
J’ai souvent lu des commentaires citant « la monotonie » de certains épisodes. Toutefois, je ne me suis jamais sentie lasse au cours de mes visionnages. Et bien que les fins d’épisodes soient très régulièrement marquées de « cliffhanger », j’ai souvent été surprise de me retrouver devant l’ED !
S’il vous paraît peu attrayant de vous poser devant un anime au tempo « andante », sachez tout de même que sa progression est inévitable. Ne pas se laisser décourager par le rythme du premier épisode, c’est s’offrir la chance de découvrir tout le mystère qui regorge dans chacun de ces 24 épisodes. Adeptes de Fantaisie, de Surnaturel, ou encore de Sortilège, vous serez fortement charmés par la composition de cet anime. Vous serez émus, agréablement surpris, divertis, et peut-être même conquis par la beauté de telles combinaisons.

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